Qu’est-ce que les hallucinations auditives ?

Avez-vous déjà entendu, vu, touché, goûté ou senti quelque chose qui semblait réel, mais ne l’était pas ? Il est probable que vous ayez eu une hallucination. Une hallucination est une perception erronée qui semble réelle, mais qui est le fruit de l’imagination. Cet article se concentre sur les hallucinations auditives, un phénomène plus courant qu’on ne le pense.

Sommaire

• Qu’est-ce qu’une hallucination auditive ?
• Quelles sont les causes possibles ?
• Comment sont-elles diagnostiquées ?
• Quels sont les traitements possibles ?

Qu’est-ce qu’une hallucination auditive ?

Les hallucinations auditives sont les plus fréquentes des cinq formes sensorielles (auditive, visuelle, olfactive, gustative, tactile). Elles correspondent à la perception de sons inexistants : voix, bruits, musique. Ces hallucinations peuvent être élémentaires (sons simples comme bourdonnements ou sifflements) ou complexes (voix ou musique, parfois nommées hallucinations acoustico-verbales).

Dans certains cas, les voix peuvent paraître extérieures (comme si quelqu’un vous parlait dans la pièce), ou intérieures (perçues comme venant de votre propre esprit). Cette distinction est essentielle dans le diagnostic de certains troubles mentaux.

Elles sont souvent liées à la schizophrénie ou au trouble bipolaire, mais 10 à 15 % de la population en bonne santé en feraient l’expérience à un moment de leur vie. Les enfants, notamment en clinique psychiatrique, peuvent aussi être concernés.

Il existe également des hallucinations auditives plus spécifiques, comme le syndrome de l’oreille musicale, où l'on croit entendre de la musique sans qu’aucune source ne soit présente. Cela peut être particulièrement troublant et est parfois confondu avec des acouphènes complexes. L’audition perçue n’a alors aucun lien avec l’environnement sonore réel, ce qui renforce la confusion chez les personnes concernées.

Quelles sont les causes des hallucinations auditives ?

Troubles mentaux

La schizophrénie reste la cause la plus connue. Les voix peuvent être critiques, directives ou indifférentes. D’autres troubles comme le trouble bipolaire, dépressif majeur, borderline ou le PTSD peuvent aussi provoquer ces hallucinations. Les hallucinations auditives sont souvent accompagnées d’un sentiment de perte de contrôle ou de persécution.

Maladies neurodégénératives

Les personnes atteintes d’Alzheimer, de démence à corps de Lewy ou de Parkinson peuvent vivre ces expériences, souvent à un stade avancé. Chez les patients parkinsoniens, la psychose parkinsonienne peut inclure hallucinations visuelles et auditives, souvent dues à une combinaison de la maladie elle-même et de certains médicaments dopaminergiques.

Alcool et drogues

Une hallucinose alcoolique, liée à une consommation excessive, provoque souvent des voix. Cela peut se produire pendant une phase de sevrage ou lors d’une intoxication aiguë. Des drogues comme le LSD, la PCP ou l’ecstasy peuvent aussi entraîner des hallucinations, même après usage, en raison de leur impact durable sur les neurotransmetteurs.

Médicaments

Certains traitements (antipsychotiques, antidépresseurs, antiépileptiques, corticostéroïdes) peuvent entraîner des hallucinations, notamment chez les personnes âgées ou épileptiques. L'interaction médicamenteuse ou le surdosage peuvent également en être la cause. Les effets secondaires de type hallucinatoire doivent toujours être signalés rapidement au médecin.

Troubles du sommeil

Les hallucinations hypnagogiques (à l’endormissement) et hypnopompiques (au réveil) sont courantes chez les personnes souffrant de privation de sommeil ou d’insomnie. Bien qu’elles soient en général bénignes, elles peuvent parfois devenir récurrentes et perturber le cycle du sommeil. Le syndrome de la tête qui explose en est une forme rare : la personne perçoit un bruit violent au moment de s’endormir.

Perte auditive

Les personnes malentendantes peuvent percevoir des sons inexistants. On parle parfois de paracousie, une altération de la perception auditive où le cerveau « comble » le manque de stimulation. Cela peut se traduire par des voix ou de la musique, particulièrement dans les environnements silencieux ou isolants. Une mauvaise audition peut ainsi perturber l’équilibre entre perception sonore réelle et signaux internes.

Acouphènes et hallucinations musicales

Les acouphènes (bourdonnements, cliquetis, sifflements) peuvent s’accompagner d’hallucinations auditives. Dans certains cas, on parle de syndrome de l’oreille musicale, surtout chez les personnes âgées ou isolées. Ce phénomène concerne principalement les femmes et les plus de 60 ans. Il peut survenir progressivement ou brutalement, et peut être accentué par la solitude ou la surdité partielle. Il n’est pas rare que le morceau perçu soit familier, souvent associé à un souvenir ou à une émotion marquante.

Autres causes

• Épilepsie temporale : les crises peuvent générer des distorsions sonores ou des voix, souvent de courte durée mais très marquantes.
• Troubles thyroïdiens, comme le myxœdème, peuvent induire des hallucinations auditives lors de déséquilibres hormonaux sévères.
• Infections comme la méningite ou une forte fièvre peuvent provoquer désorientation, délire et hallucinations.

Comment les hallucinations auditives sont-elles diagnostiquées ?

Le diagnostic dépend de la cause. Le médecin commencera par un entretien approfondi, un examen auditif, et pourra recommander un électroencéphalogramme (EEG) pour évaluer une éventuelle épilepsie. Une orientation vers un psychologue ou un psychiatre est fréquente pour explorer la dimension mentale ou émotionnelle du trouble.

Il est important de décrire précisément les caractéristiques des hallucinations : fréquence, contenu, contexte d’apparition, ressenti associé. Cette évaluation fine permet de différencier une affection passagère d’un trouble plus grave. Des examens complémentaires comme l’IRM peuvent être envisagés si une cause neurologique est suspectée.

Quels sont les traitements possibles ?

Tout dépend de la cause. Si les hallucinations sont liées à un médicament, ajuster la posologie peut suffire. En cas de trouble mental, un traitement médicamenteux (antipsychotiques, stabilisateurs de l’humeur, antidépresseurs) et une psychothérapie sont souvent nécessaires.

Dans le cas d’une perte auditive, l’utilisation d’appareils auditifs peut réduire les symptômes. Des stratégies cognitives peuvent aussi aider à réinterpréter les voix ou à en diminuer l’intensité. Des thérapies sonores, comme la musique dirigée ou la stimulation auditive, peuvent également jouer un rôle dans le rétablissement.

Si le phénomène est lié au stress, au manque de sommeil ou à des parasomnies, des ajustements du mode de vie sont souvent suffisants : amélioration de l’hygiène de sommeil, techniques de relaxation, gestion du stress.

Dans les cas chroniques, des approches complémentaires peuvent être proposées : thérapies comportementales, thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), ou techniques de pleine conscience pour diminuer la détresse associée aux hallucinations.

Conclusion

Les hallucinations auditives peuvent avoir des origines variées : psychiatriques, neurologiques, sensorielles ou médicamenteuses. Même si elles peuvent être déstabilisantes, elles sont dans bien des cas traitables. Une prise en charge médicale permet souvent d’identifier la cause exacte et de mettre en place des solutions adaptées. L’écoute bienveillante du corps médical et une prise en charge globale favorisent un meilleur vécu du symptôme et améliorent la qualité de vie.

Sources :

DSM-5, American Psychiatric Association

Inserm – Hallucinations auditives et schizophrénie

Vidal.fr – Médicaments et effets secondaires

ORL France – Acouphènes et hallucinations

Revue Neurologique – Épilepsie temporale et hallucinations auditives

Sommeil et Médecine du Sommeil – Parasomnies et hallucinations liées au sommeil