Otite Moyenne Aiguë : symptômes et traitements

Otite Moyenne Aiguë : symptômes et traitements
10 min.
Date de publication : 20 novembre 2025
20 novembre 2025
L’otite moyenne aiguë est l’une des infections les plus fréquentes chez l’enfant et l’une des plus redoutées par les parents. Douleur vive, fièvre, pleurs inconsolables…autant de signes qui inquiètent à juste titre. Heureusement, une prise en charge rapide permet la plupart du temps une guérison complète sans séquelle.
AuditionSanté fait le point sur les causes, les symptômes et les traitements de cette affection courante, ainsi que sur les situations nécessitant une consultation urgente.
Sommaire
- Définition de l'otite moyenne aiguë
- Pourquoi elle touche surtout les enfants ?
- Différences entre otite moyenne aiguë congestive, purulente et perforée
- Les symptômes de l’otite moyenne aiguë à reconnaître rapidement
- Diagnostic et examens utiles
- Traitements efficaces selon les cas
- Les complications possibles
Définition de l'otite moyenne aiguë
L'otite moyenne aiguë (OMA) est une inflammation de l'oreille moyenne, cet espace aérien situé derrière le tympan. Elle survient généralement à la suite d'une infection des voies respiratoires supérieures comme un rhume ou une rhinopharyngite.
Cette inflammation est souvent accompagnée d'une accumulation de liquide dans l'oreille moyenne, ce qui provoque une pression douloureuse sur le tympan.
D'un point de vue physiologique, l'infection se propage habituellement depuis le rhinopharynx jusqu'à l'oreille moyenne par la trompe d'Eustache. Cette dernière, normalement chargée d'équilibrer la pression entre l'oreille moyenne et l'environnement extérieur, devient alors le chemin privilégié des agents pathogènes.
Les principaux agents responsables sont majoritairement des bactéries comme :
- le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae),
- l'Haemophilus influenzae
- le Moraxella catarrhalis
Toutefois, dans certains cas, l'otite peut également être d'origine virale, notamment durant la saison hivernale.
Pourquoi elle touche surtout les enfants ?
Plusieurs facteurs anatomiques et physiologiques expliquent la vulnérabilité particulière des enfants aux otites moyennes aiguës:
Une trompe d’Eustache plus courte et horizontale
La trompe d'Eustache des enfants est plus courte, plus horizontale et plus étroite que celle des adultes. Ces caractéristiques facilitent la remontée des germes depuis le rhinopharynx vers l'oreille moyenne.
Un système immunitaire encore immature
Le système immunitaire des jeunes enfants est encore immature, notamment avant l'âge de deux ans. Cette immunité en développement les rend plus sensibles aux infections en général, y compris celles touchant l'oreille moyenne.
Des infections respiratoires fréquentes en collectivité
La fréquence élevée des infections respiratoires chez les enfants, due notamment à leur vie en collectivité (crèche, école maternelle), augmente considérablement le risque de développer une otite moyenne aiguë comme complication.
Des facteurs environnementaux aggravants
Certains facteurs environnementaux jouent également un rôle important. L'exposition à la fumée de cigarette, par exemple, irrite les voies respiratoires et favorise les infections. De même, l'allaitement au biberon en position allongée peut faciliter le reflux de liquide et donc le passage de germes vers l'oreille moyenne.
Fort heureusement, ces particularités anatomiques évoluent avec l'âge. La trompe d'Eustache s'allonge et devient plus verticale, ce qui explique pourquoi les otites se raréfient généralement après l'âge de six ans.
Différences entre otite moyenne aiguë congestive, purulente et perforée
Il existe trois formes distinctes d'otite moyenne aiguë, chacune correspondant à un stade d'évolution et à une gravité différente:
L’otite moyenne aiguë
L'otite moyenne aiguë congestive représente le stade initial de l'infection. Le tympan apparaît rouge et enflammé, mais il n'y a pas encore de pus dans l'oreille moyenne. Cette forme, souvent virale, peut parfois guérir spontanément sans traitement antibiotique. On observe généralement une douleur de l’oreille (otalgie modérée) et une fièvre peu élevée.
L’otite moyenne aiguë purulente
L'otite moyenne aiguë purulente, quant à elle, constitue un stade plus avancé. Du pus s'accumule dans l'oreille moyenne, créant une pression importante sur le tympan qui devient bombé et très douloureux. La fièvre est généralement plus élevée et l'inconfort nettement plus marqué. Cette forme, essentiellement bactérienne, nécessite souvent un traitement antibiotique.
L’otite moyenne aiguë perforée
L'otite moyenne aiguë perforée survient lorsque la pression du pus devient tellement forte qu'elle provoque une rupture du tympan. Paradoxalement, cette perforation entraîne souvent un soulagement immédiat de la douleur car elle libère la pression.
Un écoulement de pus (otorrhée) apparaît alors dans le conduit auditif externe. Bien que spectaculaire, cette perforation cicatrise généralement spontanément en quelques jours.
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Les symptômes de l’otite moyenne aiguë à reconnaître rapidement
Reconnaître rapidement les signes d'une otite moyenne aiguë permet une prise en charge efficace et un soulagement plus rapide. Les symptômes varient selon l'âge du patient et le type d'otite, mais certains signaux d'alarme sont particulièrement révélateurs.
Douleur à l'oreille (otalgie)
L'otalgie constitue le symptôme principal et le plus caractéristique de l'otite moyenne aiguë. Cette douleur est souvent décrite comme vive ou lancinante, parfois pulsatile, et survient généralement à prédominance nocturne, perturbant considérablement le sommeil. En position couchée, la sensation douloureuse s'intensifie, causant des insomnies particulièrement pénibles pour les enfants.
Chez les nourrissons, qui ne peuvent pas exprimer verbalement leur inconfort, l'otalgie se manifeste différemment. Ils peuvent se frotter ou tirer sur leur oreille, devenir plus irritables, pleurer sans raison apparente ou sembler simplement gênés. Ces petits signes, parfois discrets, sont de précieux indicateurs d’une possible otite chez les tout-petits.
Il est également important de noter que l'otalgie n'est pas systématique. Dans certains cas, notamment chez l'adulte, elle peut être moins prononcée tout en étant accompagnée d'autres symptômes évocateurs.
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Fièvre et troubles digestifs
La fièvre accompagne fréquemment l'otite moyenne aiguë, bien que son intensité soit variable selon les cas. Chez le jeune enfant, elle peut atteindre des niveaux élevés (supérieurs à 38°C), tandis qu'elle reste plus modérée chez l'adulte.
Fait notable, les troubles digestifs constituent des symptômes surprenants mais courants, surtout chez les nourrissons. En effet, vomissements, diarrhées et douleurs abdominales sont souvent observés, au point de parfois masquer le diagnostic d'otite. Ces manifestations digestives peuvent être suffisamment sévères pour entraîner un risque de déshydratation, nécessitant alors une vigilance particulière.
Aussi, les enfants atteints d’otite montrent souvent une baisse notable de l’appétit, accompagnée de changements dans leur comportement :
- irritabilité,
- somnolence,
- ou agitation inhabituelle.
Ces signes, bien que peu spécifiques, sont essentiels à repérer, surtout chez les bébés de moins de trois mois, chez qui les symptômes typiques peuvent passer inaperçus.
Perte auditive temporaire
L'accumulation de liquide dans l'oreille moyenne entrave la transmission normale du son, entraînant une hypoacousie (diminution de l'audition). Cette perte auditive temporaire se manifeste par une sensation d'oreille bouchée ou de plénitude, comme si l'oreille était remplie d'eau.
Généralement, les patients peuvent entendre des claquements ou des crépitements au moment de la déglutition. Bien que gênante, cette baisse d'audition est habituellement réversible avec un traitement approprié.
Les enfants plus âgés pourront exprimer cette gêne, tandis que chez les plus jeunes, cela peut se traduire par une attention moindre aux appels ou aux sons environnants.
Otorrhée en cas de tympan perforé
Quand la pression exercée par le liquide accumulé devient trop forte, le tympan peut se perforer spontanément. Cette rupture s'accompagne d'un écoulement par l'oreille (otorrhée), généralement mucopurulent ou sérosanglant. Paradoxalement, cette perforation entraîne souvent un soulagement immédiat de la douleur en libérant la pression exercée sur le tympan.
L'otorrhée est un signe visible particulièrement important à identifier. La présence d'un écoulement jaunâtre dans le conduit auditif externe signale presque toujours une otite moyenne aiguë perforée. Cet écoulement peut être plus ou moins abondant et persister plusieurs jours.
Dans tous les cas, repérer ces symptômes rapidement et consulter sans tarder un professionnel de santé permet d’éviter les complications et de favoriser une guérison plus rapide. C’est particulièrement important chez les jeunes enfants, plus fragiles face aux formes sévères d’otite moyenne aiguë.
Diagnostic et examens utiles
Le diagnostic d’une otite moyenne aiguë repose avant tout sur un examen médical attentif. Face à cette affection courante, les professionnels de santé s’appuient sur des outils et des techniques précises pour confirmer le diagnostic et orienter la prise en charge de façon adaptée.
Examen clinique et otoscopie
Le diagnostic de l'otite moyenne aiguë est avant tout clinique et s'établit dans les 48 heures suivant l'apparition des symptômes. Lors de la consultation, le médecin procède à un interrogatoire minutieux sur les signes ressentis puis réalise un examen physique complet.
L’otoscopie est l’examen de référence pour diagnostiquer une otite moyenne aiguë. À l’aide d’un otoscope, le praticien observe le conduit auditif et le tympan afin de repérer d’éventuelles anomalies. Cet examen devrait être réalisé systématiquement chez les nourrissons, même en l’absence de douleur ou de fièvre, car ces signes ne sont pas toujours présents en cas d’otite.
Pour optimiser l'examen, la position idéale est celle du patient allongé, tête tournée sur le côté. Cette position offre en effet une meilleure visualisation du tympan, particulièrement chez les jeunes enfants où l'examen peut s'avérer délicat.
Par ailleurs, l'otoscopie pneumatique peut compléter l'examen standard. Cet examen consiste à insuffler de l'air dans le conduit auditif pour évaluer la mobilité du tympan, qui est généralement réduite en cas d'otite moyenne aiguë.
Signes typiques à l'otoscopie
Lors de l'examen otoscopique, plusieurs aspects inflammatoires peuvent être observés, correspondant aux différents types d'otite moyenne aiguë :
- Otite moyenne aiguë congestive : le tympan apparaît rosé, avec une dilatation visible des vaisseaux au niveau du manche du marteau et de la membrane tympanique voisine.
- Otite moyenne aiguë collectée (purulente) : le tympan devient rouge foncé, épaissi et infiltré, rendant les reliefs ossiculaires difficiles à distinguer. Le triangle lumineux disparaît, puis le tympan prend un aspect bombé, parfois ombiliqué au niveau du manche du marteau.
- Otite moyenne aiguë perforée : une otorrhée mucopurulente (écoulement d’aspect épais) témoigne de la rupture du tympan, avec une perforation souvent punctiforme ou linéaire.
Un tympan normal doit être transparent, avec un triangle lumineux visible en bas et en avant, et un manche du marteau bien identifiable. Toute modification de cet aspect oriente vers une pathologie de l'oreille moyenne.
Quand consulter un ORL ?
La consultation d’un spécialiste ORL est recommandée dans plusieurs situations :
- En cas d’échec du traitement initial : si les symptômes persistent après 72 heures, une réévaluation spécialisée s’impose.
- En cas de récidives fréquentes : un avis ORL permet alors d’identifier les facteurs favorisants et de proposer des mesures préventives adaptées.
- En présence de complications : l’apparition d’une paralysie faciale, d’une mastoïdite ou de signes méningés nécessite une consultation en urgence.
- Si l’examen du tympan est difficile : notamment chez les enfants de moins de deux ans, un examen ORL aide à confirmer le diagnostic.
- Chez le nourrisson de moins de six mois : en cas de fièvre et de signes évocateurs d’otite, il est préférable qu’un spécialiste examine l’enfant, car le diagnostic est plus délicat à cet âge et les risques de complications sont plus élevés.
Traitements efficaces selon les cas
Face à une otite moyenne aiguë, le traitement varie considérablement selon la forme clinique, l'âge du patient et la sévérité des symptômes. La prise en charge adaptée permet non seulement de soulager rapidement la douleur mais aussi de prévenir d'éventuelles complications.
Utilisation des antalgiques
Le paracétamol reste l’antalgique de référence pour calmer l’otalgie et la fièvre, notamment chez l’enfant. La dose maximale recommandée est de 60 mg par kilogramme et par jour, répartie en quatre à six prises.
Chez les enfants de plus de trois mois, et en l’absence de contre-indication, l’ibuprofène peut être utilisé si le paracétamol ne suffit pas ou ne peut pas être administré.
Cependant, l’usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’ibuprofène, doit toujours se faire avec prudence et sur avis médical, en raison du risque de complications infectieuses graves.
En cas de douleur particulièrement intense, une association paracétamol–ibuprofène peut être envisagée, mais uniquement sur une courte période, de 48 à 72 heures maximum.
Quand prescrire des antibiotiques
La prescription d'antibiotiques n'est pas systématique car 80% des cas guérissent spontanément. Cependant, l'antibiothérapie est recommandée dans des situations précises :
- Chez les enfants de moins de deux ans présentant une otite purulente
- Chez les enfants de plus de deux ans avec fièvre élevée et otalgie intense
L'amoxicilline représente l'antibiotique de première intention à la dose de 80-90 mg/kg/jour.
En cas d'échec ou de syndrome otite-conjonctivite, l'association amoxicilline–acide clavulanique est recommandée. Pour les patients allergiques aux pénicillines, le cefpodoxime proxétil constitue une alternative.
Ces traitements ne doivent pas faire l’objet d’une automédication et nécessitent une prescription médicale.
Cas nécessitant une myringotomie
La myringotomie est une petite incision pratiquée dans le tympan afin de permettre l’évacuation du liquide présent dans l’oreille moyenne.
Elle est principalement indiquée dans deux situations :
- Otites récidivantes, survenant plus de trois fois par an malgré un traitement médical bien conduit.
- Présence persistante de liquide (mucus, catarrhe ou pus) dans l’oreille moyenne, entraînant une gêne auditive ou un risque d’infection chronique.
Cette intervention, le plus souvent réalisée sous anesthésie générale, s’accompagne fréquemment de la pose d’un drain transtympanique. Ces petits tubes permettent d’équilibrer la pression entre l’oreille moyenne et l’extérieur, réduisant ainsi considérablement le risque de récidives.
Durée du traitement selon l'âge
La durée optimale du traitement antibiotique varie principalement selon l'âge du patient :
- Pour les enfants de moins de deux ans : 8 à 10 jours de traitement
- Pour les enfants de plus de deux ans : 5 jours suffisent généralement
- En cas d'otorrhée ou d'otite récidivante : 10 jours quel que soit l'âge
En cas d’échec du traitement après 72 heures, une réévaluation médicale s’impose. Celle-ci peut conduire à un changement d’antibiotique ou à la réalisation d’une paracentèse, afin d’identifier le germe responsable de l’infection.
Chez l’adulte, la durée de traitement recommandée est généralement de cinq jours, comme chez l’enfant de plus de deux ans.
Otite moyenne aiguë : les complications possibles
Malgré l'utilisation des antibiotiques qui a considérablement réduit leur fréquence, certaines complications de l'otite moyenne aiguë nécessitent une attention particulière.
Mastoïdite : signes et traitement
La mastoïdite est la complication la plus fréquente de l’otite moyenne aiguë, avec une incidence d’environ 1,2 cas pour 100 000 enfants de moins de 15 ans.
Elle se manifeste par plusieurs signes caractéristiques :
- Effacement du sillon rétro-auriculaire,
- Décollement du pavillon de l’oreille vers l’avant,
- Douleur à la pression de la région mastoïdienne.
La fièvre n’est pas toujours présente. À l’examen, le tympan apparaît souvent épaissi, avec un bombement postéro-supérieur.
En cas de mastoïdite extériorisée, une prise en charge hospitalière en urgence est indispensable. Le traitement repose sur une antibiothérapie intraveineuse adaptée, associée, si nécessaire, à une mastoïdectomie (intervention chirurgicale visant à nettoyer les cavités mastoïdiennes).
Dans certaines formes moins sévères, un drainage transtympanique peut suffire pour assurer l’évacuation du pus et la guérison.
Méningite et autres complications rares
La méningite otogène, bien que devenue rare, touche principalement les nourrissons de moins d’un an.
Depuis l’introduction de la vaccination contre Haemophilus influenzae, le pneumocoque est désormais le principal agent responsable.
Les signes cliniques associent le plus souvent céphalées, raideur de la nuque, vomissements et, chez les plus petits, une prostration ou une grande somnolence.
Les autres complications intracrâniennes (les abcès cérébraux, empyèmes sous-duraux ou thrombophlébites) sont aujourd’hui exceptionnelles grâce à la prise en charge précoce et aux progrès de la prévention vaccinale.
Otite récidivante ou traînante
L’otite récidivante correspond à la répétition de plusieurs épisodes d’otite au cours de l’hiver : on parle d’otite récidivante lorsqu’il y a plus de quatre épisodes, avec un tympan redevenu normal entre chaque épisode.
La prise en charge consiste surtout à identifier et corriger les facteurs qui favorisent ces récidives : allergies, rhumes fréquents, tabagisme passif, garde en collectivité, etc.
L’otite traînante, elle, désigne une otite qui ne guérit pas complètement après plus de trois semaines, même avec un traitement antibiotique adapté.
Dans cette situation, il est important de bien identifier le germe responsable pour pouvoir ajuster le traitement et éviter que l’infection ne se prolonge.
Paralysie faciale liée à l'otite
Cette complication rare peut survenir en phase précoce ou plus tardivement (8e-10e jour).
La paralysie s'installe brutalement, de façon complète. Son traitement est une urgence médicale combinant antibiothérapie intraveineuse, corticothérapie et myringotomie. Une paracentèse avec examen bactériologique est impérative. Le pronostic est généralement excellent si la prise en charge est rapide.


